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LA DANSE DU JOUR - ARGENTINE

LE TANGO ARGENTIN


Crédit Photo: Didier Dorison

LES ORIGINES DU TANGO

Le tango argentin nait à la fin du XIXe siècle, dans les faubourgs des rives de Rio de la Plata, estuaire séparant Buenos Aires (Argentine) et Montevideo (Uruguay).

L’éthymologie du terme tango reste encore inconnue, mais certains aiment à dire qu’il serait issu d’origines africaines. Nom donné aux lieux de danse et de fêtes des esclaves noirs, ou transformation du mot espagnol “tambor” par difficulté de prononciation, l’énigme perdure et rajoute une note de piquant à cette danse déjà bien relevée.

 

Après s’être libérée du joug espagnol au début du XIXe siècle, l’Argentine prend son essor. Afin de répondre à son développement économique, le pays planifie une grande vague d’immigration venue d’Europe.

Débarquant sur le port de Buenos Aires, des millions de personnes; majoritairement italiennes, espagnoles, allemandes, françaises et juives d’Europe de l’est arrivent dans l’espoir de réaliser le rêve d’une vie meilleure dans le Nouveau Monde.

Très vite désilusionnée, une partie de cette population investit les conventillos, les bidonsvilles du sud-est de la capitale. Se mélangent alors les communautés de gauchos - éleveurs de bétail venus de la Pampa - à celles des populations indigènes et africano-caribéennes.

Flûte, guitare, mandoline… Habanera cubaine, tango andalou, candombé africaine, contredanse française… C’est une musique métissée, influencée par les origines africano-européennes de ces créateurs, qui prend naissance lors des bals populaires.

Tango dans le quartier de la Boca - Buenos AiresUne nouvelle danse argentine à deux, puis quatre temps par la suite apparait: la Milonga. Elle se transforme par la suite en tango argentin entre 1890 et 1900.

Peu à peu la flûte est remplacée par l’instrument emblématique du tango: le bandonéon. Venu d’allemagne, cet instrument à vent donne un ton plaintif et sentimental à une musique alors vive et légère.

Faute de savoir lire et écrire la musique, les premières oeuvres tangerines ne sont pas signées par leurs auteurs mais par des interprêtes lettrés désireux de gagner un peu d’argent.

 Avec le temps, des paroles rejoignent les mélodies mais sont généralement obscènes et peu poétiques.

La danse quand à elle, d’abord simple s’étoffe et se codifie petit à petit.


SON EXPENSION

Exilés par nécessité économique, beaucoup d’hommes ont migré seuls dans le Nouveau Monde. A cette époque, 70% de la population est masculine, obligeant les messieurs à danser seuls.


Joué dans les lieux populaires et malfamés des ports, les prostituées et femmes de joie rejoignent bientôt les pistes de tango. Désireux d’exprimer leurs sexualité et leur machisme, les hommes utilisent des mouvements corporels explicites, sulfureux et provocateurs, bien loin des principes puritains du centre-ville.

Attirés par les moeurs dépravées, les jeunes hommes de bonne famille viennent peu à peu s’essayer au tango, seule méthode pour approcher les jeunes filles
légères des quartiers populaires. A défaut de pouvoir l’attirer dans les quartiers chics, ces jeunes portègnes (habitants de Buenos Aires) de bonne contenance exportent le tango Outre-Atlantique, lors de voyages en Europe.

Le tango argentin trouve rapidement ses adeptes, en recherche d’exotisme et de saveurs latines, à Paris, berceau de la mode et du chic, capitale de la culture et de l’avant-guardisme.

La fureur de cette nouvelle danse envahit peu à peu les autres capitales européennes avant de revenir à ses sources, au coeur de Buenos Aires.

Loin d’être apprécié de tous, le tango trouve rapidement ses détracteurs soucieux de protéger la population de gestes obscènes et indécents. La danse argentine prend malgré tout de l’ampleur et donne ses représentations dans tous les salons de danse d’avant-guerre.


SON ÉVOLUTION

Statue de Carlos Gardel dans le quartier de Puerto Madero Le rôle de la chanson progresse peu à peu jusqu’à trouver son représentant et icône à tout jamais: Carlos Gardel (1920/1930).

Parallèlement, deux courants de tango se crèent, le premier d’avantage axé sur la danse et le second se complait dans l’interprétation instrumentale.

Les trios et quartets s’enrichissent et se transforment en “orquestas típicas”, dont Julio de Caro en est le digne ambassadeur. Bandonéons, violons, contrebasse et piano accompagnent un ou deux chanteurs qui se régalent à faire danser les troupes.

 

L’âge d’or des années 40 voit naitre l’époque des orquestres d’Osvaldo Pugliese, Aníbal Troilo, Carlos di Sarli… Les chanteurs Roberto Goyeneche, Angel Vargas ou Edmundo Rivero prêtent leur voix aux superbes textes signés par de grand poètes tels Enrique Santos Discépolo, Homero Manzi ou encore Enrique Cadícamo.

Les années 60 et 70 connaissent une grande crise et le tango se fait peu à peu oublier sur les pistes de danse de Buenos Aires.

 

Critiqué par les puristes du tango traditionnel, Astor Piazzola, grand bandéoniste et compositeur lui redonne pourtant ses titres de noblesse en le renouvelant et ainsi lui permettre de survivre. Le musicien argentin obtient ensuite une reconnaissance internationale qui continue aujourd’hui, bien longtemps après sa mort en 1992.


Retrouvez nos circuits Tango en cliquant sur les titres suivant:


ÉCOUTER DU TANGO

Voici quelques titres de Tango, grands classiques du genre:

La cumparsita, ou l’hymne international du tango – Gerardo Matos Rodríguez – Uruguay.

 

Por una Cabeza, ou l’emblème du tango au cinémaCarlos Gardel - Argentine

Version instrumentale:


GLOSSAIRE DU TANGO ARGENTIN:

Bandonéon: L’instrument emblématique du tango. Rapporté en Argentine depuis l’Allemagne à la fin du XIXème siècle, cette boite à musique appartient à la famille des vents à clavier. Il se joue en appuyant sur les boutons tout en tirant ou en poussant sur le soufflet, exercant ainsi une pression de l’air et libérant alors des notes de musique. Astor Piazzola est un bandonéoniste argentin célèbre et symbole du tango moderne.

 

Danseurs de tango argentin dans le quartier de La BocaAbrazo: L’enlacement. Pas de danse. Le visage et le buste des deux danseurs se touchent traduisant les passes à venir du guide à sa partenaire, d’autant plus important que les mouvements du haut du corps se dissocient des jambes.

 

Barrida, boleo, corte, gancho, quebrada, sacada: figures et pas majeurs du tango dansé.

 

Caminar: Signifie littéralement “marcher” en espagnol. Représente l’art de se déplacer sur la piste de danse au rythme de la musique.

 

Compás: Impossible de l’oublier, le compás – rythme, donne le tempo de la danse, exécutée sur 4 temps.

 

Milonga: il s’agit d’un lieu, d’une soirée ou d’un bal où se danse le tango. De la milonga, musique à deux temps, rapide, légère et enjouée, nait le tango.

 

Tangueria: Lieu de concert et de spectacle de tango.


LE TANGO DANS LE CINEMA MODERNE ET POPULAIRE:

Le tango argentin, synonyme de séduction, est souvent utilisé au cinéma pour illustrer en musique et en danse, les relations amoureuses.

Voici quelques exemples modernes et populaires:

 

Le Tango de Roxanne – Moulin Rouge réalisé par Baz Lhurmann (2001).

 

Cell Block Tango – Chicago réalisé par Rob Marshall (2002).

 

Extraits du film - Je ne suis pas là pour être aimé – Réalisé par Stéphane Brizé (2005).

 

Santa Maria par Gotan Project - Dance With Me (Titre originale: Take the Lead) réalisé par Liz Friedlander (2006).

 

Messieurs, Mesdames, désormais vous êtes incollable sur le TANGO! Alors en piste... dans les Milonga de Buenos Aires bien sur!