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Le tourisme durable vu par Autochtone Voyage

ENTREVUE AVEC LE BLOG MAPU, EXPERT EN ECO-TOURISME

MAPU est un blog qui compile les expériences personnelles en éco-tourisme et les recommandations de Cassandre Lafont, jeune française globe-trotteuse et professionnelle du tourisme durable.

"Mapu = terre en Mapudungun (langue des Mapuche, l’une des 17 communautés indigènes du Chili)."

Source: MAPU

Ci-dessous: l'interview entre Anaïs, fondatrice d'Autochtone Voyage et le blog MAPU - eco tourisme.


1. Qui es-tu? Comment et pourquoi as-tu décidé de monter ton agence de tourisme durable et responsable ?

Je m’appelle Anaïs, j’ai 31 ans et je suis française. Je vis au Chili où j’ai créé l’agence Autochtone Voyage.

Je ne pense pas avoir décidé de monter une agence de tourisme durable et responsable:  il s’agissait davantage pour moi d’une volonté de proposer des voyages qui me touchent et me passionnent et non pas de chercher à faire du marketing. Et il se trouve qu’il s’agit d’un tourisme durable et responsable.

J’ai, par le passé, travaillé dans des agences qui signent ces fameuses chartes ecotouristes.
La plupart du temps, on est très loin d’un vrai tourisme équitable et c’est pourtant cette image d’agence de tourisme responsable qu’ils cultivent et qui m’a d’ailleurs donné envie de travailler avec eux. Donc frustrée de ne pas pouvoir proposer un tourisme plus local (rencontres et nuits chez l’habitant, acteurs locaux, respect des salaires, s’éloigner au maximum d’un tourisme de masse…), frustrée de proposer des choses lisses, sans caractère, et sans un minimum d’authenticité, j’ai décidé d’ouvrir mon agence.

 

2. Quels ont été les principaux freins à la mise en place et au fonctionnement d’Autochtone Voyage ?

Premièrement, c’est un marché ultra concurrentiel et il faut avoir un bon budget marketing et commercial pour se rendre visible auprès du client.

Deuxièmement, ce n’est pas si facile de proposer un tourisme alternatif. Nombreux sont les clients qui souhaitent en théorie quelque chose de “différent”, “hors sentiers battus”, mais ils finissent majoritairement par choisir un circuit classique.
Je crois que les gens ont une certaine conscience d’un tourisme durable mais ils n’arrivent pas encore à sauter le pas et choisir un tourisme alternatif.
Mais c’est aussi compréhensible: comment proposer Paris sans visiter la Tour Eiffel?
C’est pour cette raison que mes circuits incluent les grands classiques tels que le parc Torres del Paine ou le Salar d’Atacama mais j’offre systématiquement la possibilité de dormir ou faire une activité chez l’habitant, proposer des petites pépites d’authenticité, des moments autochtones… un doux mélange entre classique et hors sentiers battus.

L’autre difficulté est sur l’aspect technique: le tourisme classique ou de masse est aussi attrayant pour une agence de voyage, c’est bien plus facile à gérer:
La communication n’est pas évidente puisque mes partenaires locaux sont souvent des personnes de terrain et non des businessmen dans l’âme qui n’ont pas toujours l’habitude d’être derrière un ordinateur, avec tout ce que cela comporte (rédaction de mails, rapidité de réponse, aspects administratifs etc.). C’est évidemment beaucoup plus enrichissant de travailler avec ces prestataires-là, mais je suis habituée à ce que les choses aillent vite, soient carrées et sous contrôle.
Pour ces personnes de terrain, un simple “t’inquiète pas, on s’arrangera” semble suffisant. Evidemment, pour moi, cela ne l’est pas. Il faut donc apprendre à composer. Mais ce n’est pas toujours facile. En vous dévoilant cela, je joue la carte de la transparence: je pense que c’est aussi ça le tourisme responsable.

Aujourd’hui le client a l’habitude de choisir un produit en fonction de son prix et non en fonction de ce qu’il contient. L’important est de proposer le prix le plus compétitif possible. Donc évidemment en proposant des voyages entre 18 et 28 jours, en offrant un circuit ultra complet avec de belles prestations, en prévoyant du temps à chaque étape et non en optimisant coûte que coûte le temps, les prix d’Autochtone Voyage ne sont pas concurrentiels.

 

3. Quelle est ta plus grande réussite au sein de l’agence ?

Avoir jusqu’à présent vendu des voyages autochtones à mes clients et ainsi avoir pu respecter l’éthique et les valeurs d’Autochtone Voyage. J’ai eu des demandes classiques qui n’ont jamais abouti du fait du client. Finalement, je ne regrette pas, car cela ne correspondait pas à ce qui me passionne: un séjour de 4 jours en estancia chez l’habitant et pas dans une maison-musée comme l’on voit tant au Chili et en Argentine; une foire gaucho dans l’arrière pays argentin où aucun touriste ne va, la découverte du canal de Beagle en compagnie d’un vrai vieux loup de mer argentin, sur un petit voilier accueillant maximum 10 personnes, des nuits chez l’habitant que ce soit dans l’Atacama, en Patagonie, à Ushuaia, dans l’Altiplano ou encore rejoindre en bus sur rail la ville de Sucre depuis Potosí en Bolivie. Ce sont des choses difficiles à mettre en place mais qui sont définitivement la touche autochtone d’un voyage mémorable et en plus responsable.
C’est une grande satisfaction de voir que le voyageur est enchanté de ce genre de moments.

 

4. As-tu une stratégie de communication particulière pour promouvoir Autochtone Voyage? As-tu des concurrents ?

Je suis actuellement en train de démarcher des agences de voyages françaises avec qui je partage le même esprit du voyage, pour leur proposer mes services. Le bouche à oreille n’est pas suffisant. Oui, bien sûr, la concurrence est rude même si mes principaux concurrents ne proposent pas fondamentalement le même genre de voyage.

 

5. Quels sont tes prochains projets, en relation ou pas, avec Autochtone Voyage ?

J’avais un circuit comme guide de prévu: nord Chili/sud Bolivie, une sorte d’expédition de 26 jours dans l’altiplano avec, au programme, nuits dans le désert d’Atacama, rencontres et nuits chez l’habitant, transport local insolite. Un beau voyage qui est malheureusement reporté à 2018.
Je vais donc probablement aller faire l’ascension des volcans autour de chez moi, dans la région de l’Araucania.

J’aimerais aussi aller rencontrer une association locale dans le nord du Chili et voir ensemble quel circuit on peut offrir au client. Comme toujours, quelque chose qui mêle découverte des paysages de l’Altiplano et rencontres autochtones avec les habitants des villages de la précordillère, afin de donner l’opportunité aux communautés d’être acteurs du tourisme locale. Cette association forme des guides, des chauffeurs, aide à l’auto-entreprenariat et participe à la restauration du patrimoine afin de pouvoir attirer les touristes dans les villages et de percevoir les retombées économiques du passage de ces touristes. Du vrai tourisme responsable.

 

Pour en savoir plus sur Autochtone Voyage, qui propose des séjours authentiques et responsables dans toute l’Amérique Latine : 

– un site web

– une page Facebook